Avec cette série d’articles sur l’insolvabilité bancaire, nous vous proposons un état des lieux sans concession sur l’état du système bancaire international…
La crise des subprimes, dont les prodromes sont observés en 2007, a pris de court la plupart des analystes financiers, dont le meilleur économiste français selon Alain Minc, Daniel Cohen. Dans Les nouveaux chiens de garde, on ne se lassera pas de revoir cet instant de grâce où Minc, lui aussi convaincu « que le système est très résilient », l’interroge et où l’économiste star répond que le grand dérapage n’aura pas lieu. Les deux visionnaires n’ont donc pas vu venir le risque systémique, qui a précipité dans la tourmente les institutions bancaires mondiales, dont la Société Générale, l’un des fleurons français.
La SocGen, ainsi qu’elle est appelée dans le milieu financier, est le cas le plus emblématique en France de cette crise en raison de l’affaire Kerviel, trader de son état, qui eut l’outrecuidance de perdre quelque 5 milliards d’euros, précipitant de facto la banque dans la plus extrême difficulté. Il serait trop long de rentrer dans les détails de cette très médiatique affaire, mais il est intéressant de remarquer qu’elle eut pour conséquence de provoquer une réaction du corps politique.
Julien Bayou (EELV) s’est par exemple insurgé dans son livre Kerviel : une affaire d’Etat, 2 milliards pour la société en général, contre le mécanisme qui a permis à la SocGen de récupérer 2.2 milliards grâce à des exonérations fiscales. Il faut dire que la justice n’avait pas encore statué sur les responsabilités de la banque dans ce dossier… Citons également Jean-Luc Mélenchon qui a prononcé un discours sur cette affaire lors de la campagne des élections législatives en 2017.
Mais Bayou et Mélenchon se trompent. Société Générale a bénéficié des largesses de l’état français à hauteur de 35 milliards ! Le groupe a regroupé en France ses actifs toxiques en 2010 dans une structure appelée Inter Europe Conseil, ce qui lui a permis « de défalquer les pertes liées aux actifs toxiques de son résultat imposable en France », ainsi que l’a révélé La Tribune à l’époque. Ce sont donc 35 milliards qui ont été à la charge du contribuable. Malgré les affirmations des principaux responsables politiques qui étaient au pouvoir au moment des subprimes, le coût de la crise pour les Français a donc été colossal.
Notons au passage que le choix de ne pas mettre au premier plan le coût de la crise financière lors des campagnes présidentielles de 2012 et 2017 est une erreur historique de la part de la gauche radicale. Ces informations étaient pourtant connues, puisque de nombreux partis politiques avaient été contactés par nos soins et avaient donc eu connaissance des faits. Peut-être la gauche radicale pourra-t-elle rappeler ce scandale de très belle taille lors du prochain séisme financier ou lorsqu’il s’agira de défendre les retraites…
Ils ont vraiment déduit 35 milliards d’impôts ? L’article de la Tribune parle bien de cette possibilité. Ce serait comme perdre au casino et nommer cette perte « actifs illiquides »et se faire rembourser par l’état parce qu’on est « too big to fail ». Il faut mettre fin au statut d’intouchables de ces mega-banques en les séparant en deux: des banques de dépôts( protégées) et des banques-casino(déclarées du coup « en faillite »). Pourquoi Mélenchon ne s’est pas battu corps et âme pour ça ? Pour ces gens c’est un dossier parmi d’autres.