Coronavirus, pétrole et krach boursier

Cela fait quelques années que les analystes financiers annoncent une crise de grande ampleur, et elle est sans doute arrivée. Comme je l’ai déjà expliqué il y a quelques semaines dans Cette crise financière que personne ne voit, le système financier est d’une extrême fragilité et survit uniquement grâce aux injections massives des banques centrales. Depuis 2008, il a fallu injecter plusieurs dizaines de milliards de dollars pour éviter un effondrement total. Avec la crise du coronavirus, on n’est pas près de s’arrêter.

Avec le krach du 9 mars 2020, qui a vu une baisse des cours jamais vue depuis décembre 2008, il est nécessaire de comprendre ce qui a mis le feu aux poudres.

Signalons tout d’abord que l’économie réelle est à l’arrêt en raison de la mise en quarantaine de certaines régions et de certains pays (Chine et Italie notamment). Les conséquences se font lourdement ressentir dans certains secteurs comme l’industrie, le tourisme ou le luxe. En raison de la baisse marquée de l’activité, les cours avaient commencé à dévisser sérieusement.

L’effondrement des cours du pétrole a ensuite entraîné les bourses mondiales dans son sillage. En cause, la décision de la Russie et de l’Arabie Saoudite de ne pas réduire la production dans le cadre de l’OPEP+. En raison de la baisse de la demande mondiale, la réduction de la production aurait en effet dû être une priorité pour stabiliser le prix du baril à un niveau raisonnable. Mais la Russie et l’Arabie Saoudite en ont décidé autrement, ce qui peut surprendre, mais qui correspond sans doute à une logique économique et géopolitique assez subtile.

En décidant de ne pas réduire la production mondiale, ces deux pays risquent en effet de porter un coup fatal à la production de pétrole de schiste qui ne peut être rentable lorsque le baril est à hauteur de $30. Au contraire du schiste américain, les Saoudiens et les Russes pourront s’en remettre en raison de coûts d’extraction bien inférieurs.

Quoi qu’il en soit, cette décision risque fort de déclencher une crise financière de tout premier ordre en raison de la dette importante des entreprises de schiste américain qui risque de plomber le secteur bancaire. S’il est encore trop tôt pour avancer avec aplomb que cette crise sera comparable à cette de 2008, il est en revanche certain que les banques centrales vont agir. Le capitalisme étant totalement assisté depuis la crise des subprimes, il est évident que des montagnes de liquidités vont encore être déversées dans le système financier dans les semaines à venir. Au moment où Macron va rogner les retraites, les centaines de milliards qui seront réservées aux banques risquent de très mal passer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.