Les chiffres des hospitalisations risquent d’être la source de vives polémiques au cours des prochains jours. On relève en effet un gouffre entre les données de Santé Publique France et ceux de l’ARS PACA.
Le 16 janvier 2021, Santé Publique France a en effet annoncé 2 623 hospitalisations (source : ici et ici) en PACA alors que l’ARS en annonce 1 181 (source : ici et ici), plus de deux fois moins.
Dans d’autres régions particulièrement touchées, l’accès aux données est problématique. Dans la région Grand-Est, les données sont indissociables de celles de Santé Publique France et rien ne permet d’affirmer qu’elles correspondent à des données brutes. En Ile-de-France, les chiffres relatifs à l’épidémie ne sont tout simplement pas disponibles sur le site de l’ARS.
Pour revenir à la région Sud/PACA, plusieurs interprétations sont possibles :
1-Le ministère ne donne pas les bons chiffres.
2-Les chiffres de l’ARS PACA ne prennent pas en compte les chiffres du privé. Signalons que cette hypothèse est très improbable car cela signifierait que le privé est davantage sous tension que l’hôpital public (ce qui n’a jamais été le cas au cours de l’épidémie).
3-Les chiffres de l’ARS sont faux.
4-Une méthode de calcul particulière peut expliquer la différence entre les chiffres de l’ARS et de Santé Publique France.
Il faut sans doute pencher pour l’explication numéro 4, comme le montre le schéma ci-dessous :
En réalité, Santé Publique France compte absolument toutes les hospitalisations, y compris les personnes qui sont en « soins de suite et de réadaptation (SSR) », c’est-à-dire des patients qui sont dans des établissements de rééducation après une période d’hospitalisation. Si l’on ajoute les chiffres (1181+334+1062), on obtient 2 577 patients hospitalisés, proche du chiffre officiel (2 623). La différence entre les deux pouvant alors s’expliquer par le fait que Santé Publique France comptabilise peut-être les patients qui ont déclaré la covid-19 à l’hôpital.
Il n’en demeure pas moins que nous sommes devant un paradoxe pour le moins étonnant puisque Santé Publique France compte dans ses statistiques des gens qui sont guéris ! Et c’est en partie sur cette base que le gouvernement s’apprête à annoncer un troisième confinement.
Bien entendu, les SSR sont nécessaires et les places en établissement spécialisé sont limitées. Mais puisque le président a déclaré que nous sommes en guerre au début de cette pandémie, il faudrait peut-être songer à trouver des moyens de sortir de l’ornière. Étant donné que les patients en RSS n’ont plus la covid, peut-être y aurait-il moyen de réquisitionner d’anciens soignants qui ont démissionné faute de conditions de travail et de salaire décents. En les rémunérant dignement, on pourrait empêcher la fermeture de lits. Une meilleure prise en charge des SSR serait donc possible et cela permettrait d’éviter un nouveau confinement qui donnerait le coup de grâce à notre économie.
Mais le gouvernement a tout raté depuis le début de l’épidémie : masques, mesures efficaces contre la propagation du virus lors du déconfinement, tests, vaccins… Il en est à présent réduit à jouer sur les chiffres pour justifier sa stratégie lamentable et dangereuse.