Une société qui ne parvient plus à nommer les choses court à sa perte. Les gouvernements qui se sont succédé depuis plus de trente ans sont parvenus au bout de leur entreprise d’abêtissement des masses dans la mesure où les élèves sont dans l’incapacité de s’approprier concepts, idées, repères culturels et grammaticaux.
En évacuant la grammaire pure de l’enseignement, les élèves ne savent plus nommer un substantif, un adjectif, un adverbe ; ils confondent nature et fonction grammaticale ; ils sont dans l’incapacité de maîtriser les formes verbales les plus simples… La conséquence directe est que l’on condamne les futurs citoyens à évoluer dans un univers où la production de sens sera impossible. Car dans le même temps, en refusant de confronter les élèves à des textes complexes et en réduisant le nombre d’heures consacrées au français et aux mathématiques, on a appauvri le lexique et la pensée.
Dans ces conditions, l’individu ne peut se faire onomaturge et il est condamné à subir la loi de celui qui maîtrise le langage. Il se retrouve ainsi dans une position d’aliénation et devient à demi civilisé, se change en lycanthrope. Pour faire face à la menace qu’il représente, les maîtres du langage en appellent alors à la constitution d’un état policier. Et alors que la menace fasciste se précise, l’homme prisonnier des chaînes néolibérales ne sait plus la nommer car il ne sait plus lire le réel ni l’interpréter.
En privant l’élève de la capacité de nommer les choses, on le condamne à subir un ordre inique tout au long de sa vie adulte. Le premier lieu de résistance doit donc être l’école. Car elle ne produit plus aujourd’hui des citoyens mais des lycanthropes. Que l’éducation se fasse argent pour rendre forme humaine à ces malheureux.
En effet. Je ne retrouve plus la citation exacte mais Confucius disait que la perte de sens des mots était le début de la tyrannie.