Dans le contexte actuel, il est difficile pour la plupart d’entre nous de voir à long terme. C’est néanmoins ce qui devrait être notre préoccupation première car le coronavirus est en train de mettre à terre l’économie mondiale. Avec des conséquences sans doute tragiques.
Tous les soirs, après que l’on a applaudi les soignants qui se battent sans moyens contre l’épidémie, les yeux sont souvent rivés sur l’écran de télévision pour être témoin de l’ampleur de la catastrophe sanitaire. Dans le flot continu d’informations, quelques-unes concernent l’économie et les prédictions, y compris sur les grandes chaînes généralistes, ne sont pas optimistes. Mais beaucoup, trop accaparés par la crise du covid-19 ne se rendent pas compte qu’une crise économique d’une violence inouïe commence à prendre forme.
Preuve que l’heure est grave, Macron a annoncé la suspension de la plupart des réformes emblématiques de son quinquennat : suspension du processus de privatisation d’ADP, report de la réforme de l’assurance chômage, report de la réforme des retraites. Cette dernière réforme a d’ailleurs de bonnes chances d’être totalement abandonnée en raison de prévisions économiques particulièrement angoissantes. Les grandes institutions bancaires américaines ont en effet prévu une récession de 6% au premier trimestre aux USA, qui pourrait être suivie d’une baisse du PIB de 24% à 30% au second trimestre !
Le choc est donc particulièrement violent. Les premiers chiffres le confirment : baisse des marchés de 35% avec trois krach successifs en moins de quinze jours, 3.28 millions de chômeurs en plus en une semaine aux États-Unis, recours massifs au chômage partiel avec 1.2 millions de salariés concernés en France, chute historique de l’activité en zone euro et de la production industrielle, effondrement des cours du pétrole… La liste n’est malheureusement pas exhaustive. Mais le pire est sans doute encore à venir avec les défauts d’entreprises qui vont se succéder, ce qui va plomber les banques qui risquent de se retrouver en situation d’insolvabilité. Quant au chômage, les premiers chiffres aux États-Unis laissent présager un chômage de masse qui pourrait avoisiner les 20% selon les analystes.
Comparaison de l’augmentation du taux de chômage aux USA pendant la crise des subprimes et celle du coronavirus.
Quelles solutions à court terme ?
En raison du confinement, nous faisons face à une crise simultanée de l’offre et de la demande. L’économie est donc totalement à l’arrêt. Par conséquent, si des mesures non conventionnelles ne sont pas rapidement mises en place, la crise économique se transformera en une dépression dont la virulence se mesurera à l’aune de la crise de 1929.
Citons pêle-mêle quelques mesures à mettre en place le plus rapidement possible : baisse des taux à 0%, assouplissement quantitatif, soutien massif aux entreprises, intervention de la BCE pour fournir des liquidités aux banques et surtout, ce que les économistes appellent des « helicopter drops », c’est-à-dire de la création monétaire pour le peuple. Cette mesure d’inspiration socialiste a déjà été mise en place aux USA. Trump a ainsi annoncé un plan bipartisan de 2 billions USD où chaque adulte recevra la coquette somme de $1.200. Pour l’instant, nos leaders politiques montrent clairement qu’ils sont totalement dépassés, même s’ils préparent l’opinion à un choc économique majeur. Preuve en est qu’au moment où Trump fait marcher la planche à billet, notre petit président continue de retirer les jours de grève. Irresponsabilité, incompétence ou aveuglement idéologique ? A l’avenir, il faudra en tout cas éviter les tours de vis austéritaires à tout prix !
L’avenir de l’UE
Terminons à présent par quelques mots de conclusion sur l’avenir de l’Union Européenne. Les institutions sont totalement dépassées par la crise du covid-19. Il faut dire que les ayatollahs du néolibéralisme ont fait tout ce qu’il fallait pour désindustrialiser le continent. Plus d’industrie capable de produire des masques, des respirateurs, des bouteilles d’oxygène. La crise sanitaire est avant toute chose celle la crise du libéralisme. Une fois l’épidémie terminée, il faudra non seulement que les responsables rendent des comptes mais il faudra surtout faire en sorte de les écarter de façon définitive du pouvoir (nous reviendrons dans un autre article sur la façon d’y parvenir).
Quant à la configuration actuelle de l’Europe, il se pourrait bien que de profonds changements aient lieu très prochainement. L’Italie est en train de connaître un chapitre de son histoire traumatisant et la gestion de la crise par les autorités est calamiteuse. Sans parler du manque de solidarité européenne avec le vol du matériel médical par la République Tchèque. Tout concourt à un retour de Salvini qui aura cœur de régler ses comptes avec l’Europe. Une sortie de l’Italie, après le Brexit, n’est désormais plus à exclure.
Une réflexion sur « Un cataclysme économique majeur : chronique d’un effondrement en cours »